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"Il est important de montrer que l'ONU est plus qu'un forum pour résoudre des conflits", entretien avec Aline Stössel

Rencontrez Aline Stössel, stagiaire auprès des Nations unies à Genève.

Aline Stoessel, ONU
Lukas Plattner

Author

Lukas
 
Plattner
Gesellschaft Schweiz-UNO / Association Suisse-ONU
Volunteer

Série "Les voix suisses du multilatéralisme"

Pour célébrer le 75ème anniversaire de l’ONU, cinfo s'associe à foraus et à l'Association Suisse-ONU en publiant une série d’articles sur les voix suisses du multilatéralisme. Grâce à des interviews réalisées par de jeunes auteurs·rices, cinfo entend donner la parole aux Suisses·ses travaillant au contact du monde onusien.

Peux-tu te présenter et nous dire comment tu en es venue à faire un stage à l'ONU?

Je m’appelle Aline Stössel, j’ai 23 ans et je suis titulaire d’un Bachelor en Relations Internationales de l’Université de Genève. Je me suis toujours intéressée au travail et au fonctionnement de l’ONU et après avoir terminé mes études de bachelor en été 2020, j’ai cherché un stage à l’ONU afin de mieux comprendre l’organisation, son travail et son fonctionnement. Finalement, on m’a offert un stage de six mois au sein de la Bibliothèque et des Archives des Nations Unies à Genève.

Quel est le rôle de cette institution?

Je dis toujours que la Bibliothèque et les Archives des Nations Unies à Genève sont le cœur de l’ONU. La Bibliothèque a été fondée en 1919 et est le dépositaire officiel de tous les documents publiés ou conservés par l’ONU à Genève. Elle comprend une grande collection de documents de la Société des Nations, des mouvements internationaux pour la paix et des documents privés. Elle a donc une valeur assez importante pour l’ONU et présente un lieu de rencontre pour les diplomates, les collaborateur·trice·s de l’ONU et les chercheur·euse·s.

Quel était ton rôle? A quoi ressemble le quotidien d'une stagiaire de l'ONU?

J’étais stagiaire en communication et organisation événementielle pour le programme des activités culturelles et l’Espace commun Savoirs & Formation. En raison des mesures sanitaires, le stage s’est déroulé différemment par rapport aux années précédentes, car les événements ont eu lieu exclusivement en ligne. Mon quotidien consistait en réunions de planification avec nos client·e·s venant du monde universitaire, de la diplomatie, de l’ONU ou du secteur privé. En plus des réunions, on préparerait les invitations, faisait la communication événementielle sur les réseaux sociaux et on assistait à d’autres petits projets de la Bibliothèque. Le jour des événements, on était chargé de l’encadrement et de la bonne réalisation. 

L'habitude de l'ONU de ne pas payer ses stagiaires suscite de plus en plus d'incompréhension. T'es-tu sentie valorisée en tant que stagiaire?

Je me suis sentie valorisée parce qu’on nous a traité·e·s comme des collaborateur·rice·s à part entière et nous avons été inclus·e·s dans plein de projets différents. Notre supervision faisait en sorte qu’on profite le plus possible de notre expérience. On avait même la possibilité d’organiser notre propre événement de A à Z en tant que projet final. C’était l’occasion d’appliquer tout ce qu’on avait appris au cours de notre stage. Malgré ma bonne expérience, il est vrai que l’absence de rémunération pose problème. Vivre et travailler à Genève est un grand investissement financier et c’est donc un grand désavantage pour celles et ceux qui n’ont pas les moyens d’effectuer un stage non rémunéré.

On nous a traité·e·s comme des collaborateur·rice·s à part entière et nous avons été inclus·e·s dans plein de projets différents.

En tant que membre d'une jeunesse engagée, l'avenir te tient certainement à cœur. Dans quel domaine l’ONU devrait s’engager davantage?

Beaucoup de personnes ne connaissent pas bien le fonctionnement et les domaines d’engagement de l’ONU. Je pense qu’il est donc important de montrer aux jeunes comme aux plus âgé·e·s que l’ONU est plus qu'un forum pour résoudre des conflits. On devrait aussi avoir pour objectif de faciliter l’incorporation de plus de jeunes professionnel·le·s dans l’organisation. Par ailleurs, en temps de crise globale, on réalise que la coopération internationale est essentielle pour adresser des défis globaux. Je vois donc une nécessité de faire évoluer le système de l’ONU afin de renforcer et rendre plus efficace les mécanismes de la coopération internationale.

On devrait avoir pour objectif de faciliter l’incorporation de plus de jeunes professionnel·le·s dans l’ONU.

La Suisse est membre de l'ONU depuis 19 ans. Selon toi, la Suisse est-elle suffisamment engagée au niveau international?

Je pense que la Suisse est bien engagée et représentée au niveau international. Il est clair qu’elle n’a pas la même influence politique que d’autres grands pouvoirs, mais elle y est présente et son engagement est bien reconnu. Et c’est ce qui importe. Comme pays hôte de l’Office des Nations Unies à Genève, et de certaines de ses agences, et avec sa candidature pour le Conseil de Sécurité pour la période 2023-2024, la Suisse a la possibilité de contribuer encore plus à l’organisation, ce qui va également bénéficier à sa politique extérieure.

Et finalement, quel est ton objectif professionnel?

Pour l’instant, je n’ai pas de but professionnel concret. J’envisage certainement une carrière dans la coopération internationale, soit dans une organisation internationale ou dans la diplomatie, mais d’abord je vais commencer mes études de master en automne 2021.